Le fait de dire « je ne sais pas » est souvent perçu négativement dans notre société. Qui n’a jamais vécu cette situation ? Nous donnons-nous suffisamment le droit de dire « je ne sais pas » ? Comment les Experts se positionnent-ils par rapport à cette question ?
Du citoyen à l’Expert/e, en passant par les patrons, les responsables politiques, la justice, les organisations internationales, chacun essaie de trouver des réponses face à la crise. L’inconnu fait peur.
Qui a le courage d’admettre qu’elle/il « ne sait pas » ?
Le droit de dire « je ne sais pas »
De nature plutôt optimiste et papa de trois enfants, j’aime à voir dans ce monde, Parmi eux, en ces temps de pandémie de COVID-19, la communauté scientifique et médicale. Malgré les risques auxquels ces femmes et ces hommes d’exception s’exposent quotidiennement, ils continuent le combat en première ligne, cherchent des solutions et sauvent des vies. Parmi eux, nombreux n’hésitent pas à dire « je ne sais pas ».
Et ils ne sont pas les seuls ! Dans la plupart des domaines, l’intelligence collective se mobilise pour arriver à des solutions.
A l’heure où les normes sont de plus en plus nombreuses, les métiers de plus en plus techniques, les outils de plus en plus complexes, qui peut encore prétendre tout savoir ?
Alors pourquoi ne pas oser dire « je ne sais pas » ?
Notre éducation nous a généralement appris à donner l’apparence de maitriser. Pourtant, la réalité du quotidien nous rappelle que nous ne maitrisons pas tout. Le plus grand révélateur de cette réalité, sont bien souvent les enfants et leurs fameuses questions commençant par « pourquoi ? ».
En soi, nous sommes tous quelque part en recherche de réponses. Les enfants osent simplement le verbaliser plus facilement que nous.
La difficulté vient parfois du trop d’informations. Dans cette masse de données qui nous entoure, parvenir à une synthèse n’est pas chose aisée. Distinguer les sources fiables est également devenu de plus en plus difficile.
Dire « je ne sais pas », faire appel à un/e Expert/e ou, en tant qu’Expert/e, poser la question à la communauté, c’est faire preuve d’humilité, c’est sortir de sa tour d’ivoire, c’est se confronter à d’autres opinions. Ça nécessite du courage et de l’engagement. Ça amène aussi de la contradiction.
Et qui aime se faire contredire ?
De la contradiction naît la lumière
Les débats d’Experts m’amènent souvent à penser que de la contradiction naît la lumière. La contradiction est au cœur même de l’expertise d’où le terme d’ailleurs « contre-expertise ». Bien souvent, il est nécessaire d’avoir l’avis de plusieurs Experts sur un même sujet pour prendre la bonne décision.
Les Experts d’un même domaine ne sont parfois pas tous d’accord. Le débat médical actuel sur l’utilisation de la chloroquine est un bon exemple. Les Experts médicaux et scientifiques sont partagés. La situation est complexe, le temps manque mais le débat entre Experts est sain et il aboutira à une solution. Mettre plusieurs Experts à une même table apporte une véritable richesse aux décideurs.
Engager plusieurs Experts, c’est dire « je ne sais pas ». C’est la raison pour laquelle, les gouvernements et les décideurs s’entourent bien souvent de plusieurs Experts comme c’est le cas actuellement dans la crise du COVID 19. Quant aux Experts eux-mêmes, ils font souvent appel à la communauté pour débattre.
La diversité des Experts peut également représenter une opportunité, par exemple s’ils sont issus de zones géographiques diverses, avec potentiellement des cultures variées, voir même des langues différentes (exemple de la Suisse avec 4 langues officielles). Ces différences accentuent potentiellement la contradiction. Bien que plus difficile d’un point de vue décisionnel au niveau national ou international, la réalité du terrain vue sur différents prismes offrent souvent une image plus complète.
Conclusion
Le droit de dire « je ne sais pas » est souvent mis en lumière en temps de crise. Faire appel à des Experts, à ces femmes et ces hommes d’exception, c’est dire « je ne sais pas ».
Par cette humilité, le décideur s’entoure de compétences, d’expériences et de connaissances qui peuvent lui faire économiser beaucoup de temps et d’argent.
Les gouvernements, les décideurs et entrepreneurs ont besoin d’être épaulés. Ils prennent des risques, ils font des erreurs, mais n’est-ce pas par l’erreur qu’on apprend ?
Admettre un besoin d’expertise ou de « contre-expertise » est un grand signe de sagesse, d’humilité et de respect.
Experts Sans Frontières, Fédération Mondiale des Experts, a pour but de protéger les décideurs des faux experts et d’élever le statut et la reconnaissance des Experts au niveau international.
Durant les semaines à venir, Experts Sans Frontières donnera la parole à son équipe et aux Experts au travers d’une série de portraits permettant à chacun de présenter l’importance de leur travail dans de très nombreux domaines qui nous touchent tous.