Le recours aux experts est un besoin récurrent chez les bailleurs de fonds internationaux tels que la Banque Africaine de développement, « BAD », l’Agence Française de Développement « AFD » et le groupe de la Banque Mondiale avec lequel je collabore depuis dix (10) ans comme expert du secteur financier et du financement des PMES.
Quelles sont les besoins spécifiques dans ce domaine ? Quels conseils pour y répondre?
Les difficultés à trouver l’Expert adéquat
Ces bailleurs de fonds ont constaté que, nonobstant la noblesse de leurs objectifs, l’impact de leurs interventions demeure en dessous de leurs espérances, et que cette situation est notamment due à une défaillance au niveau des experts commis. En effet, les experts ont tendance à maîtriser leurs domaines techniques mais pas forcément l’environnement de leurs interventions ; ou bien connaissent l’environnement mais manquent de maîtrise technique.
Par conséquent, le résultat était souvent des rapports d’expertise standards à tous les pays, ou des rapports manquant parfois de technicité. Pourtant, ne serait-ce pas l’un des rôles clé de l’Expert/e de produire des solutions concrètes et propres à la réalité spécifique de chaque situation? De mon expérience, j’ai souvent vu que ces rapports imprécis rendaient malheureusement le choix des décideurs plus difficile, plus long, et plus coûteux.
Cas pratique concernant le leasing
J’ai eu la chance de pratiquer cette approche globale de l’expert assez souvent dans mes activités avec le groupe de la Banque Mondiale en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire où j’étais commis pour voir comment développer le leasing, bien que ce produit existe depuis 1962.
Mon premier constat était que les projets de loi, règlements ou directives étaient parachutés par l’Administration et que chaque intervenant les appliquait à sa manière, et surtout, que le consommateur final ne les maîtrisaient et ne les connaissaient pas.
Cerner et synchroniser le rôle de tous les intervenants de la chaîne était l’un des plus gros défis. À cet effet, j’ai convaincu les autorités d’adopter une approche participative et de constituer un comité de pilotage regroupant toute la chaîne des intervenants.
Cette étape a été un succès, puisque nous avons commencé à observer les résultats:
Les autorités ivoiriennes ont mis en place le cadre légal et fiscal adéquat à l’activité, le secteur financier a investi dans l’assistance technique pour mieux maîtriser les techniques du leasing et proposer des formules adaptées à la réalité ivoirienne, et enfin, la formation des Petites et Moyennes Entreprises (environ 1500 entreprises) outre la formation de plus de 600 personnes entres juges, avocat, notaire et huissiers de justice.
Les chiffres du secteur ont presque doublé en 4 ans, pour passer en 2014 de 85 millions $ à 126 millions $ en 2018.
À cet effet, je pense que l’initiative de l’organisation “Experts Sans Frontières” tombe à pic et peut combler ce besoin en mettant en place une base de données d’experts chevronné.es à la disposition des opérateurs économiques et des bailleurs de fonds internationaux, afin de mener à bien leurs projets.
Nizar Snoussi
Ancien banquier de 24 ans d’expérience
Avocat d’affaires internationales
Expert auprès du Groupe Banque Mondiale sur le secteur financier et le financement des PMES sur l’Afrique Francophone
Expert en leasing auprès de la Banque Centrale de l’Afrique de l’Ouest « BCEAO » et auprès de l’Organisation d’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires